Depuis quatre ans, le Président de la république et ses gouvernements successifs ont choisi de diviser le pays, d'accorder plus de privilèges aux privilégiés et de précariser toujours plus les précarisés. De loi en loi, ils n'ont eu de cesse de promouvoir une politique anti sociale, anti jeunes, anti école et anti recherche.
Mais avec le CPE et son frère siamois le CNE, ils ont décidé de changer de logique. Ils sont passés du bricolage au démantèlement pur et simple du droit du travail. Au lieu de s'attaquer à la précarité des jeunes, le gouvernement fait délibérément le choix de l'institutionnaliser. La droite propose tout simplement que le mode normal d'accès à l'emploi pour les jeunes ne soit plus le CDI ou le CDD. Pendant la période de deux ans, le contrat peut être rompu à tout moment sans préavis et sans justification. Les entreprises peuvent licencier sans protection des salariés et quasiment sans indemnité. Le CPE, c'est gagnant-gagnant pour les employeurs et perdant-perdant pour les jeunes de moins de 26 ans. Toujours plus d'avantage et de flexibilité sans contrepartie pour les entreprises et toujours moins de protection et de droits pour les salariés. Les conséquences sur les conditions de vie des jeunes sont connues d'avance : impossibilité d'accéder à un logement, condamnation à rester à un âge avancé chez les parents. C'est tout simplement l'idée même de projets de vie d'avenir qui s'évanouit avec ce nouveau contrat de travail. Les jeunes en CPE sont en fait condamnés à vivre l'angoisse au ventre d'être licencié du jour au lendemain et de devoir accumuler CPE sur CPE. Cette logique de la précarisation sur toute la vie professionnelle est dangereuse. Si les jeunes font actuellement seul l'objet d'un régime d'exception au droit commun en matière salariale, rien ne dit que le gouvernement s'arrêtera là. La politique de discrimination négative de la droite ne souhaite qu'une seule chose : se propager sur d'autres cibles. Se généraliser à tous. Ce qui est engagé à travers le CPE, c'est à terme la création d'une forme unique de contrat de travail par le bas. La jeunesse de France est devenue entre les mains de la droite un animal de laboratoire sur laquelle on fait porter l'expérimentation de ce qui se fera bientôt à grande échelle sur tous les salariés. Face au CPE, le devoir de la gauche est de proposer un contrat de sécurité et de formation. C'est le seul moyen de donner aux jeunes de véritables contrats de travail à durée indéterminée et à leur employeur les moyens d'assurer leur formation. C'est cette logique de sécurisation sur toute la vie professionnelle que nous devons privilégier et non la logique de précarisation défendue par le gouvernement. J. Lang 6 Avril 2006
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