Citoyenneté : l’enjeu démocratique, par Alexandre Dorna[1]. La citoyenneté est le droit d’appartenance des individus à une entité politique reconnue: l’Etat-nation. C’est une forme d’organisation juridiquement établie sur la base d’un pouvoir légitime et d’une nation reconnue. Les premiers états occidentaux sont les cités grecques issues d’un long processus historique, juridique, social, politique et culturel. |
La Nation-Etat (subtile alchimie de raison et de sentiments) a formulé des demandes politiques et des principes normatifs communs, des valeurs (comportements de grande force symbolique) et des croyances communes, issues des expériences passées, jusqu’au point de se transformer en culture collective, voire en communauté de destin pour l’ensemble des ses membres, d’autant plus qu’ils possèdent le statut de citoyens. La transmission de ces éléments affectivo-cognitifs, via les mécanismes de socialisation et les pouvoirs de contrôle (physique et psychologique), permet le maintien de la cohésion nationale et de l’intégration des vagues successives de nouveaux membres. Certes, la conception moderne de la citoyenneté trouve sa forme matricielle dans l’ancienne cité grecque, car le citoyen est né d’une volonté de rendre l’opinion personnelle en opinion collective, libre et égale pour tous, mais l’acte d’obéissance de chacun est une condition nécessaire, dont l’Etat exerce une autorité qui veuille pour maintenir un équilibre équitable sous le contrôle de tous. C’est le sens originaire de l’idéal de la République et la force du principe démocratique. Et, là se place la différence entre la notion de sujet et celle de citoyen : le premier adhère à une personne qui représente et exerce une autorité irrévocable (tyrannie, monarchie de droit divin ou absolue, dictature), tandis que le second le fait à une institution à travers un dispositif délibératif et une méthode élective qui permet le choix entre égaux. Et si bien, le cadre de l’approche républicaine est rationnel, il serait une erreur de séparer la nation républicaine dans son esprit de sa réalité affective. Le droit des nations est un mélange de sentiments et de raisons, ainsi la citoyenneté offre un moyen pour renforcer la synthèse qui rend la cohésion possible et souhaitable. Dans l’origine de la citoyenneté, nul besoin pour un citoyen d’être expert pour agir politiquement. Certes, la citoyenneté exige un regard multiple et global, et une certaine capacité à se réclame d’un ensemble des connaissances: historiques, juridiques, sociologiques, culturelles, anthropologiques et, bien entendu, psychologiques. C’est là que l’éducation civique est un atout pour insérer la culture à la citoyenneté, et le citoyen dans la connaissance. Lire la suite : cliquez ici
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[1] Professeur d’Université en psychologie sociale et politique |