COMMUNIQUÉ Observatoire international de la laïcité contre les dérives communautaires- Constitution au sein du Haut Conseil à l’intégration d’un groupe de travail sur la laïcité : la laïcité n’a rien à voir avec l’immigration et l’intégration.
Au moment où le Haut Conseil à l’intégration (HCI) met à l’étude un avis sur la laïcité, avec l’aide d’un groupe de réflexion et de proposition, l’Observatoire international de la laïcité contre les dérives communautaires met expressément en garde contre tout amalgame entre le respect de la laïcité et l’immigration. Cette mise en garde a d’ailleurs été rappelée par 25 Associations signataires d’un appel commun le 9 décembre 2010, jour anniversaire de la loi de 1905.
En effet, au moment où les tensions identitaires sont de plus en plus vives et que certain, au nom du principe de la laïcité, entendent uniquement mettre en cause ce qu’ils appellent « l’islamisation de la société », il est préjudiciable pour la laïcité qu’elle puisse être confondue avec la question de l’intégration et de l’immigration.
Il s’agit là d’une réduction néfaste du champ d’application de ce fondamental principe républicain.
L’intégration et l’immigration ne posent pas de problème à l’égard de la question de la laïcité, celle-ci n’étant mise en cause ni par l’immigration, ni par l’intégration.
La laïcité concerne tous les citoyens français, quels qu’ils soient et quelles que soient leurs origines, ainsi que tous ceux qui vivent sur le territoire national dans le respect de l’État de droit.
Vouloir uniquement la cantonner au regard des politiques d’intégration et d’immigration serait l’affirmation d’une forme de discrimination à l’égard de certains de nos compatriotes en vertu de leurs origines ou de leur religion.
Fait à Paris, le 17 décembre 2010
Pour l’O.I.L.C.D.C., son président,Jean-Michel QUILLARDET
Réponse de l'Observatoire de la démocratie
Si nous pouvons comprendre la position de JM Quillardet, nous ne la partageons pas.
La laïcité ne doit certes pas être confondue avec les questions de l'intégration, ou de l'immigration.
Pas plus qu'elle ne doit pas être confondue d'ailleurs avec l'école de la République ou la séparation des Eglises et de l'Etat. L'une et l'autre sont des conditions de son application, mais ne sauraient la définir en tant que telle. Elles en sont d'indispensables moyens, mais pas sa définition.
La Laïcité est pour nous la liberté absolue de conscience. A ce titre, nous ne saurions condamner d'où qu'elle vienne, la proposition ni la constitution de groupes de travail visant à la défendre ou la promouvoir, face ou au bénéfice de problèmes de sociétés quels qu'ils soient.
Dans un pays, la France, où la laïcité a jusqu'ici été pensée par raport à la seule 'Eglise catholique, les mouvements migratoires et sans esprit d'amalgame, oui, le développement de l'Islam, la posent sous un jour nouveau qui justifient de pouvoir y réfléchir en toute sérénité. De même que l'ouverture et la lecture du monde par les moyens modernes et technologies de de l'information justifient de réfléchir à sa défense et sa promotion et de ne pas la limiter aux seuls champs de l'école ou de la religion. Penser cela autorise t il quiconque à nous preter de quelconques amalgames?
La laïcité nous semble bien la réponse fondamentale au besoin de "vivre ensemble" qui se pose sous des jours nouveaux et bien au de là du champs étroit de nos frontières. Il faut certes en défendre les acquis, mais aussi en étendre la réalité et lui trouver de nouveaux champs d'application. L'enfermer dans les seuls champs de l'histoire et de la Nation nous semble réducteur et contreperformant.
Pour ces raisons, nous ne pouvons laisser dire que "la laïcité n'a rien à voir avec l'intégration, ni l'immigration". Même si nous en voyons les raisons et les dangers. N'est elle pas d'ailleurs un des meilleurs facteurs d'intégration voire sa condition? Et la poser face à l'immigration qui apporte la richesse de la diversité des cultures et croyances les plus diverses est sans doute un des défis qu'elle doit relever, pour montrer qu'elle n'est pas l'exception française du siècle dernier..mais la réponse de demain pour tous les humanistes, épris de tolérance et d'enrichissement mutuel.
25/1/2012
Respectueusement
Jean-Francis Dauriac, Président de l'Observatoire de la Démocratie