Dix premières propositions pour changer la politique, par Jean-Francis Dauriac, Président de l'Observatoire de la Démocratie: 1/ rendre le vote obligatoire, 2/ prendre en compte le vote blanc et exiger qu'à partir d'un certain pourcentage, l'élection soit anulée, 3/ réviser le financement de la politique pour l'ouvrir à d'autres modes de représentativité, 4/ imposer entre les élections des émissions politiques sur les chaînes publiques ouvertes aux organisations syndicales et au mouvement associatif, 5/ créer un droit d'action citoyenne par voie de pétition, 6/ référendum d'initiative populaire, 7/ scrutin à la proportionnelle, 8/ mandat unique pour tout élu, 9/ suppression de l'article 49-3, 10/ revalorisation du Parlement.....Le débat est ouvert, envoyez vos contributions. cliquez ici.
La République est historiquement en France le socle commun auquel nous sommes censés adhérer au de là de nos différences et de nos divergences. Or ce socle est aujourd’hui menacé pour des raisons liées à l’évolution du monde, et pour d’autres liées à la crise politique et de représentativité. Mondialisation économique et de l’information, d’un côté, brassage culturel, métissage et inégalités de l’autre, viennent interpeller nos belles valeurs du siècle des Lumières . Elles mettent en exergue la nécessité de les renforcer, en les confrontant à notre époque et en les traduisant plus concrètement par des actes et des réalités. Car, il devient de moins en moins supportable d’entendre parler de liberté, d’égalité et de fraternité, quand on voit autour de nous tant d’injustice, de racisme, d’inégalités. Cette montée de l’insupportable rejaillit sur la politique au moment où celle-ci donne l’impression de se complaire chaque jour davantage dans son impuissance ou son conservatisme. On voudrait la défendre, parce qu’elle est nécessaire et indispensable. Et pour ne pas céder aux démons de l’antiparlementarisme. Mais cela devient difficile tant elle est archaïque et déconnectée. Dans un monde où tout a changé, comment peut on imaginer faire de la politique comme au siècle dernier ? Elle est pourtant la courroie de transmission indispensable entre le peuple et ses élites, l’économique et le citoyen, les valeurs et leur traduction. Il sera impossible de refonder la République, sans changer la façon même de faire de la politique, le rapport entre les citoyens et le pouvoir. Conservateurs ou progressistes, libéraux ou socialistes portent une grande responsabilité historique. Et parmi eux, en tout premier lieu, les grands partis, qui n’ont cesse de renforcer leur prééminence, en s’octroyant le quasi monopole de l’accès au pouvoir, en confisquant l’essentiel du financement public des campagnes électorales, en s’accrochant au scrutin majoritaire. En évitant surtout de se remettre en question. Il n’y a pas de démocratie sans partis politiques. Mais les partis doivent être en phase avec leur époque. Et l’époque est aujourd’hui à redonner toute sa place au citoyen, dont le militant doit être vraiment représentatif et l’élu son porte parole et son obligé. Avec tous les outils modernes, les informations et la connaissance, dont on dispose. Le pouvoir du citoyen doit s’exercer d’abord par le droit au suffrage universel. Et par respect pour ceux qui ne l’ont pas, ou celles et ceux qui sont morts pour que nous en bénéficions, il gagnerait à être rendu obligatoire , comme c’est le cas dans de nombreux pays. Mais il est absurde de dénoncer l’abstention ou la « dispersion » des voix, quand l’offre politique est durablement insatisfaisante, ou que le vote est jugé inutile. C’est pourquoi, en plus de rendre le vote obligatoire, la prise en compte du vote blanc est nécessaire. Si à partir d’un certain pourcentage il est assorti de l’obligation d’annuler l’élection, la société et ses élus disposeraient là d’un signal important. Elle permettrait aux électeurs de dire « Non, ce que vous dites ou faites ne nous convient pas, je vous demande de revoir la copie » Revisiter la loi sur le financement de la politique et des campagnes électorales est une deuxième exigence. Au moment même où les grands partis sont plus que jamais sanctionnés, ils se sont octroyés par la Loi, un quasi monopole de financement public. Pourquoi ne pas considérer que tout citoyen, toute association ou organisation qui réunirait un certain nombre de signatures pour une élection ou une action publique aurait droit un minimum de financement pour son expression politique ? En réserver comme c’est aujourd’hui le cas aux partis ou à un résultat électoral ne peut que figer le système et accentue le divorce entre les partis, les élus et les électeurs. Il en va de même pour l’accès aux médias dans l’intervalle plus ou moins long qui sépare les échéances électorales et durant les campagnes légales qui les précède. Nul n’a le monopole de la représentativité quand il s’octroie lui-même les moyens de la déterminer. Un minimum d’émissions politiques devrait être imposées aux médias, avec des temps d’antenne équitablement répartis et ouverts tout autant aux organisations syndicales, et associatives, et pas seulement sur la base de leurs résultats aux élections. Ceux-ci pourraient être pondérés par un nombre de signataires par la voie pétitionnaire. Le droit et la prise en compte de l’action citoyenne par pétition devient enfin un contrepouvoir utile et d’autant plus moderne qu’Internet le rend facilement accessible au plus grand nombre. Les conditions seraient alors remplies pour autoriser et faciliter l’organisation de référendums d’initiative populaire, au niveau local et national. Ce socle de mesures citoyennes contraindrait les partis politiques à rechercher une réelle et plus grande représentativité et donnerait tout son sens à la revalorisation du Parlement, qui n’est aujourd’hui qu’une piètre chambre d’enregistrement. Il justifierait pleinement l’exercice du mandat unique, ( un homme, une femme = un seul mandat) celui-ci devenant une véritable charge, puisque obligeant à une réelle représentativité, et à rendre compte régulièrement à ses mandants. Jean-Francis Dauriac, Président de l'Observatoire de la Démocratie
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