Observatoire du communautarisme : « Réaffirmer les principes », « résister aux attaques », « répondre à la crise » : telles sont les 3 grandes parties de votre Mémento du républicain. Pourquoi ?
André Bellon : La dilution des principes de la République n'est pas un phénomène purement conjoncturel. Il faut cependant en comprendre les formes actuelles.
Aux attaques contre-révolutionnaires traditionnelles depuis la Révolution, se sont rajoutées des incertitudes issues de la première guerre mondiale, puis celles générées par la succession des drames du 20ème siècle (guerres coloniales, totalitarisme,…) face auxquels le camp républicain n'a pas été à la hauteur de ses valeurs.
Une fraction du camp dit progressiste, en particulier ce qu'on a appelé « la nouvelle gauche » a, dans ce contexte, théorisé des projets antirépublicains.
C'est dans ce magma que, de plus, tous les responsables politiques se prétendent républicains, surtout depuis le bicentenaire pour le moins ambiguë de 1789.
Il importait donc de dire stop. La République n'est pas n'importe quoi. Certes, elle peut s'accommoder de projets politiques différents, mais pas n'importe lesquels. C'est pourquoi il fallait réaffirmer les principes.
Il fallait aussi, bien entendu, répondre aux attaques qu'elles soient traditionnelles ou plus insidieusement « modernes », les identifier, les mettre en lumière, savoir y répondre.
Ce travail étant fait, il était enfin nécessaire de montrer que la République n'est pas une vieille lune, mais au contraire un projet très actuel, adapté à la crise politique, philosophique et morale que nous traversons.
Tels sont les axes de réflexion qui ont conduit à ces trois parties.
OC : Jérémy Mercier, vous êtes l'auteur des chapitres « la République n'est-elle qu'un mythe ? » et « la République face à ses caricatures ». Vous tentez ainsi de répondre aux attaques que subit l'idéal républicain. De quels groupes politiques ses attaques proviennent-elles ?
Jérémy Mercier : Si encore ces groupes étaient réellement politiques. J'ai bien peur, en fait, qu'ils aient choisi d'en finir avec la politique, vu leur volonté de régner plutôt que de gouverner. En détournant l'idéal républicain, Liberté, Egalité, Fraternité, pour leur intérêt particulier, ils méprisent la volonté générale. A renforts de slogans individualistes, ils éliminent l'universalité républicaine. Le plus souvent, soit leur démarche consiste à vouloir détruire l'Etat ou à le reléguer à un interventionnisme minimal, soit à tirer profit des avantages de la démocratie pour l'utiliser contre elle-même. Ces groupes n'appartiennent pas uniquement à la droite et à l'extrême droite. Depuis quelques années, la gauche elle-même, voulant être « moderne » donne son assentiment pour privatiser l'espace public par exemple. Dernièrement encore, pour se rallier au traité constitutionnel européen.
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